Arrêter une centrale nucléaire n'est pas si simple.

Publié le 15 Août 2012

Les monts d'Arrée et la centrale de Brennilis

Voilà dix-neuf ans que la centrale nucléaire de Brénnilis a cessé de remplir sa fonction. Pourtant, la sinistre construction continue de laisser peser une menace sur l'environnement et la population. Contrairement aux déclarations toujours pleines de confiance des tenants de l'énergie nucléaire, quand le moment est venu de démanteler une centrale devenue trop vieille, ils ne savent pas comment faire !

En 1967, la France entre dans l'ère de la production d'électricité par le Nucléaire. Sur le site de Brénnilis, une centrale à eau lourde permet à notre pays d'entrer dans la « modernité ». Elle fut fermée en 1985 parce qu'elle n'était plus rentable. En 1992 débutent alors les travaux de démantèlement de la carcasse inquiétante.

Initialement, il était prévu d'attendre cinquante ans avant que d'entreprendre les travaux de démantèlement afin que les risques, qui n'existaient pas, soient réduits. La radioactivité est plus sournoise que les mensonges d'EDF. Mais hélas, le cylindre bétonné de 26 mètres de haut qui protège le réacteur et qui, rappelons le, devait être à l'épreuve du presque tout, ne supporte pas l'épreuve du temps. Il montre des signes inquiétants de fatigue. On prétend même qu'il se délite !

Alors, sans plus attendre, les rois de l'atome sans risque se sont mis au travail. Fidèle à la tradition du secret qui entoure cette filière, EDF a omis de lancer une procédure d'enquête publique pour informer la population et prévenir des risques éventuels. Pourquoi se préoccuper de telles balivernes ? Hélas, le conseil d'état a mis son grain de sel et arrête les travaux en 2006 ; quels empêcheurs d'irradier en rond !

Depuis, que se passe-t-il ? La transparence a toujours été la règle pour cet état dans l'état. EDF gère le dossier avec, on ne peut en douter, le plus grand souci de la santé publique. Pour ces charmants apprentis sorciers, le cœur du réacteur dégage désormais une radioactivité létale ! On peut apprécier la formule quand on sait que c'est là que l'uranium était en contact avec le gaz carbonique et l'eau lourde ...

Quand les travaux seront enfin autorisés à reprendre, le réacteur devrait être découpé en morceaux. Facile à dire mais comment faire ? À l'heure actuelle, il se murmure dans des milieux toujours prompts à dénigrer que ces beaux messieurs ne savent pas comment s'y prendre. Leurs tergiversations attestent cependant qu'ils ont bien des soucis en dépit de leurs mines si honnêtes !

Autre problème qui semble ne pas avoir été prévu lors de la construction de la centrale : que faire des morceaux ainsi découpés ? Car voyez-vous, la France qui a un des parcs atomiques le plus important au monde a tout prévu, sauf l'arrêt progressif de ses vieilles centrales. Dans ce domaine, on improvise joyeusement en refilant le bébé aux suivants, ceux qui auront à gérer le problème plus tard. Pourquoi se gêner puisque c'est dans cet esprit que l'on prend en compte les déchets radioactifs, cadeau somptueux pour les générations futures ….

Alors acceptons l'augure d'une partition du réacteur en trois et des cheveux en quatre. C'est dans l'Ain que devraient être entreposés ces fragments toujours radioactifs. Les voyages forment la genèse de l'énergie nucléaire, nous l'avons constaté bien des fois et à Brénnilis comme partout ailleurs, on aime les convois à très haut risque.

Mais avant ce joli voyage, il faudra découper le réacteur. La tâche, puisqu'elle est sans danger d'après les gens d'EDF qui se sont montrés toujours si convaincants, sera confiée à des robots (nous sommes rassurés). Nous ne doutons pas non plus qu'ils seront dirigés par des intérimaires qu'on enverra mourir ailleurs sans plus de ménagement que pour les nettoyeurs de Fukushima. C'est ainsi que ça se passe dans ce monde sans risque du nucléaire.

Personne à ce jour et dans ce merveilleux concert d'approximations et d'omissions ne peut dire quelles seront les répercussions sur l'environnement et la population de ce démantèlement qui ne pose, si on les écoute, aucun problème. La Caravane ne vient pas innocemment à Brénnilis, il est tant que la lumière soit faite (cela est la moindre des choses avec EDF) sur cette affaire dont l'opacité n'a d'égale que les silences coupables qui l'entourent.

Les indignés du Nucléaire veulent savoir. Tout comme ils aimeraient être informés de ce qui se passe réellement avec cet énigmatique local STE qui aurait du être démoli en premier et qui reste mystérieusement en place. Ils s'inquiètent également du sort réservé au chenal des quatre saisons qui aurait reçu des eaux contaminées en dépit de toutes les affirmations contraires ...

Nos indignés se dressent fièrement sur leur bicyclette et exigent que ce dossier cesse de rester dans l'ombre. Ils demandent, pour vous aussi, des éclaircissements sur cette sombre affaire qui ne cesse d'inquiéter avant bien d'autres arrêts de centrales à bout de course dans notre pays.

Démentellement leur.

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