La Caravane part de Plogoff.

Publié le 15 Août 2012

De la légende à la réalité.

Plogoff ! Quel magnifique symbole de la lutte antinucléaire ! Quel site merveilleux où la terre et la mer célèbrent leurs noces tumultueuses. Fallait-il être fou pour vouloir installer en ce lieu l'expression même du mépris des humains pour la planète : une centrale nucléaire !

Les pouvoirs, de droite comme de gauche, dans ce pays, continuent de soutenir l'énergie de la mort lente et insidieuse. Ce qui se passa alors à Plogoff entre 1975 et 1981 est bien la preuve que les citoyens n'ont pas à exprimer une opinion contraire dès qu'il s'agit des intérêts supérieurs des fournisseurs d'énergie. Silence, on irradie en secret !

Pourtant, c'est là où, selon la légende, le Diable avait obtenu les clefs de la ville d'Ys en séduisant la fille de Gradlon. Il s'était grimé en prince charmant pour obtenir ce qu'il désirait. Quelques siècles plus tard, désirant encore un morceau de cette terre, il se fit passer cette fois pour la fée électricité. La Baie des trépassés n'aurait jamais aussi bien mérité son nom si une centrale nucléaire y avait été implantée.

Cette fois pourtant, malgré les compagnies de CRS, malgré les pressions de toutes sortes, malgré le mensonge d'état et les procès iniques, le diable ne gagna pas la partie. La lutte des femmes de Plogoff, des hommes de cette terre de combat et de résistance, avait fait plier le pouvoir central (du nucléaire). Porté par une élection surprise, François Mitterrand avait mis fin à ce projet.

Aujourd'hui, un autre socialiste est au pouvoir. Il a tout oublié de la leçon de l'époque. C'en est fini des grandes luttes populaires : Larzac, Plogoff. La crise, le rouleau compresseur du conditionnement des esprits sont passés par là. On peut désormais être socialiste, avoir des ministres écologistes et défendre l'énergie la plus symbolique du capitalisme triomphant et méprisant.

Les indignés ne feront pas comme Gradlon, ils ne vont pas monter sur leurs grands chevaux. C'est à vélo qu'ils vont tenter une nouvelle fois de chasser le diable, ce Dieu Atome qui a perverti les puissants de ce pays. Il faut réveiller les consciences, le drame de Fukushima n'est que le prélude à d'autres catastrophes. Le Nucléaire est porteur de destruction et de mort !

Il est curieux de constater que les opinions ont cru un temps au mensonge des armes de destruction massive en Irak quand, au pied de chez eux, de bien plus mortelles trônent dans l'indifférence générale. « La bougie ou l'atome » avait osé le président précédent, jamais en peine pour sortir une monstruosité. L'actuel ne dit rien, il feint de ne rien entendre, d'oublier les promesses d'avant son élection.

La Caravane à vélo des indignés du Nucléaire pense retrouver l'élan initial de 1981, être poussée par le vent de la révolte d'alors pour faire souffler dans ce pays un petit vent libérateur de sursaut. L'énergie nucléaire est une bombe à retardement. Partout dans le monde, les nations changent de stratégie quand en France, dans un déni collectif du réel, on s'arqueboute sur cette monstrueuse pensée magique qu'il ne nous arrivera jamais rien.

Partir de Plogoff c'est reprendre le combat là où il fut victorieux en dépit d'un rapport de force totalement disproportionné. Partir de Plogoff, c'est croire en la sagesse de l'humanité contre les forces de l'obscurantisme scientifique. Partir de Plogoff, c'est mettre l'individu en retrait devant les merveilles d'une nature sauvage, rebelle et belle.

Partir à vélo, c'est affirmer que la roue doit tourner, que la réaction en chaîne peut être évitée, que le capitaine doit retrouver la raison et changer de braquet. Partir à vélo, c'est affirmer qu'un autre monde est possible ! Alors partons tous de Plogoff !

Légendairement vôtre.

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